Un Mercenaire

Une première chose, le titre n'est pas de moi. Ceci dit, passons à la suite si vous le voulez bien.

Je me suis pas mal épanché dans ce blog sur mes merveilleuses aventures. En général, je retrouve une femme. Parfois la scène se passe chez elle, d'autres fois à l'hôtel. Nous nous embrassons alors, puis nous vautrons dans la luxure dans un peu toutes les pièces, dans toutes ses tenues et dans toutes les positions. Le canevas est assez classique mais, cela reste particulièrement excitant. Pas besoin d'y ajouter les flammes de l'Enfer, des chaînes ou un âne, l'action se déroule bien d'elle-même et nous finissons toujours par jouir plusieurs fois.

Tout va pour le mieux donc.

Il est vrai que je ne pense pas être un mauvais amant. Ou du moins, disons que je suis moyen mais que le niveau à l'air tellement bas que je m'en sors plutôt bien. Peut-être mes maîtresses m'ont toujours menti et que leur plaisir n'était qu'une feinte polie. Depuis le film quand Harry rencontre Sally, je me méfie effectivement des orgasmes féminins. Mais, je demande toujours à mes partenaires d'être franche et, je veux bien les croire quand elles disent prendre du plaisir avec moi. Cela dit, je ne vais pas non plus trop me torturer et il est plus agréable de les croire que de penser que tout ceci n'est que simulation. 

Dans ce cas, me diriez-vous, pourquoi ne revois-je pas toutes mes maîtresses ? Si je suis réellement un bon amant, pourquoi ne suis-je pas assailli par leurs demandes incessantes de les faire grimper aux rideaux ? 

Petit malin va ! J'y ai pensé et je me suis trouvé plein d'explications qui ne remettent pas en cause mes talents sexuels :
- la charge émotionnelle que recèle un simple souvenir de nos ébats est tellement intense que mes maîtresses s'évanouissent à la seule pensée de mon nom,
- mes maîtresses ont tellement crier qu'elles n'ont plus de voix pour m'appeler, des années après,
- mes maîtresses n'ont plus de rideaux pour grimper dessus,
- et puis, ça suffit vous, si j'ai envie de penser que je suis un super bon amant, pourquoi je me priverais, vous voulez me déprimer ou quoi ?

En bref, cela peut paraître prétentieux, mais, j'ai l'impression de ne pas être totalement à côté du sujet quand je suis l'amant d'une femme.

Mais !

Ce propos doit être grandement pondéré. Hé oui.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il m'arrive d'être juste nul. Une vraie merde. Incapable de faire quoi que ce soit de bon. Et là, c'est l'horreur.

On peut aussi tracer un schémas des rencontres (nombreuses) où j'ai envie de me suicider.

Ca commence assez normalement. Sur ce site par exemple. Une femme répond enfin aux milliers de messages que j'envoie. Nous discutons un peu ici puis passons sur une messagerie bien connue dont on a pas le droit de dire le nom avant d'avoir envoyé deux messages chacun. C'est un truc magique. Un peu comme de dire trois fois Candy Man pour qu'il apparaisse.

Là, nous nous chauffons et échafaudons le déroulé de notre rencontre. Par exemple : j'arrive chez elle, elle m'ouvre nue en talons, je la plaque contre le mur, nous nous embrassons, nous glissons par terre, elle s'assied sur mon visage et je la lèche...

Classique donc.

Vient alors la rencontre. Et les aléas de la vie avec.

J'arrive et envoie un texto destiné à faire monter la pression : "je sors du métro". En général, c'est plutôt efficace. C'est un peu comme le son du tonnerre annonçant l'arrivée imminente un gros orage. 

Sauf quand le T9 de votre portable s'en mêle. Pour ceux qui ne le savent pas, le T9 c'est une sorte de dictionnaire automatique qui permet de trouver plus rapidement des mots quand on les tape par texto. C'est une bonne idée, mais parfois facétieuse. Du coup, j'envoie "le sors et neuvro". Et reçois comme réponse : "ah bon ?". 

Première étape ratée.

Ensuite, je ne trouve pas l'adresse. J'ai beau cherché, rien à faire, je tourne en rond. Au bout de 10 minutes, je ravale ma fierté et décide d'appeler la demoiselle pour lui demander mon chemin. Elle rigole beaucoup. C'est déjà ça mais je passe du statut d'amant débridé à celui de Roland Magdanne. 

Surtout quand elle comprend que je ne suis pas sorti à la bonne station. Je suis à un quart d'heure de marche. Pas de soucis, j'y vais en courant. 

Il fait lourd, mais je fonce quand même. Mon corps svelte fend l'air chargé d'humidité de ce mois de juillet. Moi qui parlais d'orage tout à l'heure, n'est-ce pas un éclair que je viens de voir zébré la nuit parisienne ? Si, c'est bien ça. Et d'un seul coup, il s met à pleuvoir comme jamais il n'a plu. Une pluie tropicale avec des goûtes grosses comme des noix. Il ne faut pas plus de trente secondes pour être entièrement trempé. Alors pourquoi la faire durer pendant toutes mes 10 minutes de courses ? Mystère.

Enfin, j'arrive devant l'immeuble au moment même où le ciel se dégage. Je pousse la grande porte. Mais elle refuse de s'ouvrir. Je réessaye. Même punition. Mademoiselle a oublié de me donner le code. Trop drôle !

Donc nouveau coup de fil.
- Dites, vous avez oublié de me donner le code.
- Non, c'est juste qu'il ne marche. Je viens vous ouvrir.

Elle vient m'ouvrir ? Nue en talons ? Je l'imagine descendre lentement les étages ainsi. Mademoiselle est donc une vraie coquine.

Sauf que non. Mademoiselle est habillée et c'est bien normal. 

C'est donc ainsi notre premier contact. Elle, pieds nus et en pantalon et moi complètement trempé et essoufflé. C'est étonnant mais j'avais imaginé ça autrement.

On se sourit un peu timidement et elle m'invite à monter. Au sixième étage. Sans ascenseur. Après ma course sous la pluie, j'ai l'impression d'escalader l'Everest.

Arrivé chez elle, je manque de m'écrouler d'inanition. Mais je n'en laisse rien paraître. Je tente de reprendre mon souffle et entre deux respirations bruyantes, je lui demande si elle n'aurait pas un verre d'eau. Et du chocolat. Ou du sucre. Voire de la cocaïne. N'importe quoi pour que je ne m'évanouisse pas. 

La jeune femme m'apporte donc un verre d'eau, un morceau de chocolat à 99% qui manque de me déshydrater quand je le pose sur ma langue et une serviette pour m'essuyer.

Je me frotte la tête avec pour empêcher les goûtes de tomber et de salir la moquette. Vigoureusement. Tellement vigoureusement que quand j'enlève la serviette, mes cheveux sont en pagaille : une moitié est aplatie sur le devant et l'autre est dressée sur la tête. La grande classe quoi.

Mais enfin, nous sommes là ensemble et nous pouvons nous regarder. A cet instant, l'idée me frôle qu'elle puisse ne pas me trouver très sexy. Cela m'ennuie d'autant plus qu'elle est très jolie.

Au bout de quelques secondes de silence un peu gêné, je m'approche d'elle et vais pour l'embrasser. Et paf ! Mon mouvement est trop brusque et nous nous cognons les dents. Heureusement, je ne lui ai pas ouvert la lèvre. Ca commence bien. Surtout que nos deux bouches ont du mal à se trouver. Aucun de nous deux arrivent à pencher son visage à 90° par rapport à l'autre. Du coup, nous nous faisons toujours face, donnant l'impression que l'on veut dévorer l'autre. Quand je penche ma tête, elle aussi. C'est débile et pas très agréable. Nos langues sont trop courtes pour se toucher. Un observateur extérieur pourrait éventuellement trouver cela drôle. Moi, j'ai juste envie de disparaître.

Je passe alors à la vitesse supérieure, tentant le tout pour le tout. Je caresse ses seins et essaye de les faire sortir de son chemisier. 

Crack ! J'ai déchiré le chemisier.

Vite, passons à autre chose.

Mais quoi ? Il faut rapidement trouver une idée ou au moins une diversion. Je sais ! La main dans la culotte. Ca, ça marche toujours.

Je commence donc à caresser son sexe. Enfin, son pantalon. Je décide alors de passer ma main dedans. C'est un jeans slim ultra-serré. Ma main a du mal à rentrer dedans. Je force quand même. Et j'y arrive enfin. Au passage, j'y ai laissé la moitié de la peau de mes doigts. Tant pis. Il faut ce qu'il faut pour tenter de sauver ce qui peut l'être.

Mais, il n'y a rien à sauver.

Mes gestes sont maladroits, imprécis et, au mieux elle ne sent rien, au pire, je lui fais un mal. Une catastrophe je vous dis.

Le reste de la soirée consistera à passer d'un échec à l'autre : un cunilingus qui ne marche pas, un baiser qui se transforme en petite morsure, un sexe (le mien) qui refuse de se dresser... Je glisse un doigt, elle n'aime pas cela. Je lèche, elle ne bouge pas. Je la prends, elle ne dit rien du tout. Je suis angoissé, elle aussi. Enfin un point commun. Cela sera le seul. Avec la déception.

Viennent alors des remarques désobligeantes qui ne sont pour la plupart du temps pas dites de façon méchantes mais qui vous donnent une bonne idée de la valeur de votre prestation.

Des trucs du style : 
- "Je ne suis pas vraiment sous votre charme."
- "Vous êtes sûr que vous ne lécher pas l'oreiller là ?"
- "C'est votre première fois, non ?"
- "C'est pas tout ça, mais j'ai du boulot moi demain".

Et d'autres dont je vous fais grâce et dont la seule évocation me rappelle les pires moments d'humiliations au collège.

Très rapidement, cela dit, je vois que cela ne sert à rien de s'acharner. Et, si j'arrive à ne blesser personne ou à ne pas mettre le feu à l'appartement, j'essaye d'arrêter ce supplice le plus vite possible.

Je pars alors en m'excusant et en prenant l'entière responsabilité de ce qui vient de se apsser. Ce qui est vrai en fait. Et puis ainsi, ma malchanceuse partenaire voit que je ne suis pas méchant malgré tout. Et si en plus, elle peut culpabiliser un peu, c'est parfait.

Gnark gnark gnark ! Je suis diabolique, j'ai même réussi à trouver des excuses à mes pires ratages. Enfin, dans ce blog seulement...

Sam 28 aoû 2010 Aucun commentaire